19 mai 2020

Les femmes sur le point de gagner le combat au Mali

Les élections législatives de 2020 au Mali ont signé l’entrée de plusieurs femmes à l’hémicycle. Cette forte représentativité a donné lieu à des scènes de joie. Pourtant, on devrait attendre pour juger.

À l’issue des élections législatives du 29 mars et du 19 avril 2020, 42 femmes sur 147 députés se retrouvent à l’hémicycle. Une première dans l’histoire de la démocratie malienne, selon plusieurs analystes du pays.

On ne danse pas avant la musique

Cette augmentation du nombre de femmes au parlement malien constitue un respect du quota des 30 % qu’exige la « Loi n° 2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives ». Cette loi stipule en effet qu’« à l’occasion de l’élection des députés à l’Assemblée nationale, des membres du Haut Conseil des Collectivités ou des Conseillers des Collectivités territoriales, aucune liste d’au moins trois personnes, présentée par parti politique, groupement de partis politiques ou regroupement de candidats indépendants, n’est recevable si elle présente plus de 70 % de femmes ou d’hommes ».

Plusieurs féministes du pays voient dans cette forte représentation des femmes à l’Assemblée nationale comme une opportunité offerte à la gent féminine pour leur forte émancipation. Mais ne serait-il pas trop tôt de se réjouir de cette présence massive des femmes à notre hémicycle ?

On juge selon le résultat

L’essentiel n’est pas d’être élue, le plus difficile est de répondre aux attentes. Dans mon pays, nos mamans dans les zones rurales souffrent de plusieurs maux liés à l’accès à la santé, à l’exercice d’activités économiques, au droit de contrôle de la reproduction, etc.

Ces femmes se sont toujours senties délaissées par leurs consœurs citadines. Selon Aichatoun Amadou Touré, jeune écrivaine du Mali engagée pour l’autonomisation des femmes à travers le numérique, « on oublie que ce sont ces femmes au village qui sont en train d’exploiter le sable, de cultiver, pour que celles qui sont sous les projecteurs aujourd’hui arrivent à trouver de quoi manger ».

Dans les grandes villes du Mali, nombreuses sont les femmes qui évoluent également dans l’informel. Cela avec maintes difficultés à la clé. Rares sont celles, mêmes instruites, qui ont accès à des emplois garantis. 

Il est attendu de ces nouvelles élues qu’elles apportent une amélioration dans ces conditions de vie de la femme malienne. Cela peut bien se faire avec l’adoption de projet de loi allant dans ce sens.

C’est seulement après ce travail de titan qu’on pourrait se réjouir de leur élection en grand nombre au parlement malien.

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