Pourquoi le président IBK a reconduit son PM sortant

Article : Pourquoi le président IBK a reconduit son PM sortant
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9 juillet 2020

Pourquoi le président IBK a reconduit son PM sortant

Dans une adresse à la nation, tard dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 juillet 2020, le chef de l’État malien a expliqué les raisons de son refus de limoger Boubou Cissé, son Premier ministre.

Le remembrement de la cour constitutionnelle, la conception et la proposition d’un Accord politique de Rassemblement, l’appel à la libération de Soumaila Cissé, sont entre autres les grandes lignes de cette adresse à la nation du président de la République malienne. A l’en croire, sa décision de renouveler sa confiance en le Premier ministre, Boubou Cissé, le 12 juin dernier, « se fonde sur notre lecture partagée des préoccupations du pays, de ses priorités ainsi que de la stratégie requise par les enjeux du moment, en un temps de turbulences ».

Demande de démission du chef de l’État    

En effet, il faut souligner que depuis le 5 juin 2020, la démission du président de la République et de son régime est sur toutes les lèvres. Cette demande est portée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotique (M5-RFP). L’autorité morale de ce mouvement est le leader religieux Mahmoud Dicko. Malgré de nombreuses rencontres d’échanges initiées par IBK avec les membres de ce mouvement, le M5 reste intraitable sur sa position. S’il avait fini par remettre un mémorandum de neuf (9) propositions au chef de l’État, le mercredi 1er juillet 2020, il convient de noter qu’après la rencontre du dimanche 5 juillet 2020, le M5 est revenu sur sa position initiale. Il projette une troisième sortie ce vendredi 10 juillet.

Accord politique de rassemblement national

C’est suite à cette crispation du climat social que le président de la République et son chef du gouvernement ont jugé nécessaire de concevoir et proposer « un Accord Politique de Rassemblement National ». Cet Accord sera paraphé « sans plus de délais par le Chef de gouvernement et toutes les parties prenantes à l’action gouvernementale, y compris l’opposition, y compris le M5 », explique IBK.

Selon le chef de l’État, cet Accord, qui ira jusqu’en 2023, reposera sur quatre (4) idées-forces. Tout d’abord, il s’attèlera à pacifier et sécuriser le pays dans toute son étendue. Ensuite, il s’agira d’entreprendre les réformes institutionnelles convenues, et ce dans un délai de 12 mois, précise IBK. Comme troisième idée-force, il évoque l’opérationnalisation des régions qui ne le sont pas encore. Enfin, cet Accord devra veiller à une saine distribution de la justice. Pour ce faire, il a besoin de son Premier ministre, d’après ses explications.

Remembrement de la cour constitutionnelle

Face à ces contestations pressantes dans le pays, le chef de l’État explique qu’« à l’impossible nul n’est tenu, surtout lorsque la paix sociale est mise en danger et exige que j’intervienne, en tant que garant de la sécurité et du bien-être de chacun et de tous. »  C’est à ces mots qu’il annonce le remembrement de la Cour constitutionnelle, source de toutes ces contestations qui paralysent le bon fonctionnement de l’État depuis le 5 juin dernier. En effet, le président de la République reconnait que « l’arbitrage du dernier scrutin par la Cour sortante a posé problème et continue à poser problème. » Ce qui réconforte le chef de l’État dans sa position, c’est surtout les nombreuses démissions enregistrées au sein de cette « auguste institution » à la suite des manifestations du M5.

Avec cette dissolution de la cour constitutionnelle, le président de la République espère que les polémiques autour de l’Assemblée nationale se tairont. Toutefois, il attire l’attention des uns et des autres que la crise multidimensionnelle, que le pays traverse, exige un « parlement immédiatement opérationnel » surtout pour mettre en œuvre l’Accord Politique pour le Rassemblement National.  

Saut dans l’inconnu

Ces explications vont-elles amener le M5-RFP à se ressaisir en mettant un peu d’eau dans son vin ? Il sera difficile de le penser. Ce mouvement demande non seulement la dissolution de la cour constitutionnelle, de l’Assemblée nationale, mais aussi et surtout de la mise en place d’un gouvernement de transition. Ce nouveau gouvernement sera dirigé par un Premier ministre de plein pouvoir. Toutefois,  les prochains jours nous permettront de voir clair dans la situation.

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